Interview de Daniel Monteiro
Depuis le 1er mai de cette année, nous avons accueilli notre nouveau technicien de chauffage à distance. Il s’est prêté au jeu du portrait.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Daniel Monteiro, 30 ans, habitant à Eclépens. En couple, pas d’enfant actuellement, mais un à venir. De nationalité portugaise.
Quel est ton parcours professionnel ?
Je suis automaticien de formation. J’ai commencé par une maturité santé-sociale, un stage d’un an dans le social et une passerelle DUBS, mais j’ai préféré me réorienter et commencer à travailler directement. J’étais dans le secteur ferroviaire. J’ai débuté par hasard au CFF (je n’ai pas d’attrait spécial pour les trains) avec un contrat d’intérimaire. Ensuite, chez Matisa dans les ateliers, puis Travys et enfin chez Scheuchzer.
Aux CFF, je m’occupais de la rénovation des locomotives qui ont passé 1’000’000 km en tant qu’électricien. Il fallait les désosser complètement pour tout refaire à neuf électriquement. Le milieu était très compétitif. Ensuite, j’ai été engagé chez Matisa comme électricien, pour la construction électrique à neuf des machines ferroviaires, ainsi que leur mise en service. Chez Travys, en tant qu’automaticien, j’œuvrais à la révision des trains voyageurs, pour de petites réparations et services, un peu plus dans la mécanique. Au sein de la société Scheuchzer, l’intitulé de mon poste était « Electricien-dépanneur » et cela incluait autant la révision, la modification, la construction que le dépannage. Dans cette entreprise, je voyageais à l’étranger, Italie, France etc… pour des dépannages. Lors de ces voyages, je n’avais pas le temps de profiter du pays, ni d’apprendre d’autres façons de travailler, car il n’y a pas de succursales étrangères et, surtout, parce que les journées étaient longues.
Depuis mon engagement aux CFF jusqu’à mon dernier employeur, je suis resté cloisonné dans des postes ferroviaires, alors que j’aspirais à un changement de secteur.
Tu es en train de suivre une formation de thermiste pour les besoins du poste, quels sont les points importants que tu retiens ?
Tout est important ! Dans chaque sujet, il y a quelque chose d’utile à retenir. La thermodynamique par exemple, est très importante. Cette branche est plus obscure lorsque tu viens du domaine électrique, car il s’agit de fluides tangibles, et non d’électricité, qui est intangible.
Le chapitre sur la combustion me semble moins correspondre à mon travail chez Cadcime, car nous ne brûlons rien, mais il me sera quand même utile ; étant donné que nous récupérons la chaleur du four d’Holcim via les gaz.
Dans ma classe, il y a beaucoup de chauffagistes, ainsi que de personnes bossant dans la chaufferie ; en reconversion depuis longtemps, à qui il manquait la base théorique. Pour ma part, je n’ai pas d’expérience que je peux relier à quelque chose de physique, pour me représenter les explications du professeur.
Cette formation est très intéressante ! J’aime bien apprendre en règle générale, dans de nouveaux domaines en particulier. La maturité m’aide bien pour les notions de physique et de chimie. Au final, ces études me servent, même si je ne m’en serais pas douté…
Qu’est-ce qui t’as attiré chez Cadcime ?
Tout d’abord, ce n’est pas dans le domaine ferroviaire ! C’est également un poste avec plus de responsabilités. Car oui, j’étais autonome chez Scheuchzer lors des dépannages externes, mais toujours sous la houlette d’un chef ou un supérieur. Je le vois comme un nouveau challenge, une nouvelle manière de travailler. A présent, j’ai un bureau personnel, un casier personnel, même un agenda personnel ! Et je participe à des séances, alors que dans mon ancien travail, tout était transmis par le chef, il n’y avait aucune organisation à faire, pas de planning à gérer. Je n’avais jamais eu d’adresse mail professionnelle avant, tout transitait via mon numéro de portable privé.
J’aime la proximité, le fait que cela soit une petite entreprise. Auparavant, je travaillais dans une structure de 150 employés sur site, et le triple dans la société. C’est une véritable bouffée d’air frais, une page blanche pour recommencer à zéro.
En plus, il y a une véritable perspective d’évolution : le brevet fédéral, qui m’enthousiasme. Je n’avais pas encore pu avoir de possibilités d’évoluer auparavant, ni même de vrai permis. Il ne s’agissait que de formations dispensées en interne, sans certification, seulement une expérience en plus.
Je ne me considère pas comme un chef dans l’âme, ni un meneur d’hommes. Par contre, je suis un très bon bras droit, un soldat. Quelqu’un sur qui l’on peut toujours compter. Je n’ai pas envie de gérer du monde. J’ai fait passablement de basket dans ma vie, sans jamais être le leader, mais on pouvait toujours compter sur moi. J’exécute très bien les ordres. Je me réjouis d’être plus proactif au niveau décisionnel. J’entends par là qu’avant, je devais trouver diverses solutions, mais sans devoir prendre mes propres décisions, j’avais toujours un chef au-dessus de moi.
Quel atout pour l’entreprise es-tu ?
Comme je le disais, je suis une personne fiable, sur qui l’on peut compter. Même lors des « rush ». Mon record personnel est de 22h de travail sans interruption, lors d’un suivi de chantier. La machine ferroviaire était utilisée et mon équipier et moi-même devions en assurer le bon fonctionnement. Durant la révision de l’objet, tout fonctionnait normalement, puis nous avons eu panne sur panne. Cela s’est terminé au bout de la 53e panne, sous la pluie, aux alentours de 23h… Je suis resté jusqu’à la fin. Je n’apprécie pas particulièrement le stress, mais je le gère plutôt bien et sais revenir aux bases. En résumé, j’avance face aux faits.
A savoir aussi que je fonctionne beaucoup avec le côté affectif. C’est-à-dire que j’ai besoin d’être à l’aise avec mon chef, que ce dernier ne me donne pas de raisons pour l’abandonner (façon irrespectueuse de parler, mauvais management etc). Ainsi, je le suivrais jusqu’au bout.
De caractère, je suis très sociable et gentil, très copain avec tout le monde. Très calme, il en faut énormément pour que je ne supporte plus quelqu’un, je passe en général au-dessus des attitudes même les plus négatives.
Question bonus, qu’est-ce qui te motive à te lever le matin dans ta vie ?
Il y a plusieurs raisons, dans le désordre et sans préférence. J’aime apprendre toutes sortes de choses. Par exemple, ma famille est issue principalement de l’agriculture, de l’élevage et de l’artisanat mais travaille plutôt dans la technique et la construction aujourd’hui. Ainsi, je peux m’instruire autant sur des sujets pointus industriels et du génie civil que sur la façon de produire du vin artisanal, comme on le faisait autrefois au Portugal ; avec mon papa. Qu’importe au final le sujet, tout m’inspire. Je peux notamment passer des heures sur différentes vidéos de vulgarisation sur Internet.
J’apprécie aussi passer du temps avec mes proches ; souvent ma famille. Ma copine est également Portugaise, les rassemblements sont donc vite assez grands.
Et enfin, manger. Un bon plat.
Le mieux, c’est de combiner les trois ensembles ! Je ne me considère pas comme un grand cuisinier, mais je ne cuisine pas trop mal (c’est ce que dit ma copine, en tout cas).
Donc tu es plutôt quelqu’un de modeste ?
Je ne pense pas être modeste, plutôt honnête. En effet, on peut toujours trouver quelqu’un de meilleur que soi. A mon avis, cela vient de mon éducation, via mon papa. Il m’a toujours répété que l’on apprend de tous, qu’il ne faut pas se prendre pour le meilleur. En revanche, il en résulte que j’ai du mal à me vendre.