Après plus de 30 ans aux côtés de Cadcime, notre technicien dédié aux installations sur site, a « officiellement » pris sa retraite le 30 juin dernier.

Dans un « court » interview, découvrez l’homme qui connaît tout de notre entreprise de chauffage à distance!

2 employés de Cadcime dans des combinaisons
Portes ouvertes cadcime, présentation de Michel
1. Depuis le 30 juin dernier, tu es officiellement à la retraite, après plus de 30 ans passés au sein de Cadcime, une société que tu as quasiment construite de tes mains, et vue grandir, quel effet cela fait-il ?

– Je suis effectivement là depuis sa construction. Avant, il y avait déjà une installation sous forme de dalle chauffante sous le four, que nous entretenions avec M. Thierry Guignard, l’ancien Directeur de Cadcime, sous des températures de plus de 70°C. Cela produisait 150 kWh en continu pour les clients de l’époque. En été, il avait fallu installer un système de volets, car cette dalle et tout le système surchauffait énormément, vu l’absence de consommation. Démonter ensuite cette plaque et donc « jeter » tout ce travail m’a fait de la peine, mais nous l’avons fait. C’est en parallèle de cette dalle que le premier échangeur de chaleur nommé R21 a été installé.

Pour relater mon parcours, j’ai commencé l’école deux ans plus tôt que tout le monde, j’étais un enfant précoce. J’ai donc débuté très vite dans le monde du travail, d’abord dans une école professionnelle industrielle, en tant que tourneur, soudeur , polymécanicien, et électricien. J’aurais souhaité faire mécanicien sur voiture, mais ma maman disait que les mécaniciens étaient trop sales, et me l’a interdit. Par la suite, je suis parti 3 ans en Belgique, dans une production en chaîne de voitures (des Mini Morris), afin de souder les automobiles; je m’occupais de la partie droite. J’ai toujours adoré la mécanique, une passion qui me venait de mon oncle. J’ai également fait une année d’université en Italie, en attendant l’autorisation de faire l’Armée. A l’Armée, j’ai suivi une formation de trois mois de tireur d’élite, après avoir gradé en tant que Sergent, pour faire la guerre au Liban. Je ne suis pas devenu militaire professionnel, mais j’ai adoré cette année de ma vie qui m’a aidé à grandir et m’a forgé en tant qu’homme. Je trouve cette étape de vie indispensable à tous.

Je suis ensuite parti en Suisse, en tant qu’électricien. L’entreprise pour laquelle je travaillais a été mandatée par Holcim en janvier 1981. Après coup, nous avons été mandaté pour la construction des installations de Cadcime. Nous avons d’abord démonté les anciens filtres (où il y a la chaufferie actuelle) et câblages (dont il reste encore des vestiges) dans un temps restreint ; nous n’avons pas eu le temps de tout finir. Il fallait que cela « tourne » rapidement, nous y travaillions jour et nuit. Un mois après la finition, on m’a demandé de m’occuper de Cadcime. N’y connaissant rien en hydraulique et thermique, j’ai accepté de dépanner la partie électrique provisoirement. Du provisoire qui a tout de même duré plus de 30 ans !! En tant qu’électricien, je me suis imaginé comment la chaleur était transportée dans les tuyaux, de la même façon que lorsque l’on conçoit une maison électriquement, il faut déjà percevoir les besoins futurs des utilisateurs. Cela m’a amené à calculer et estimer de tête où se situaient les pertes de chaleurs et je faisais la compétition avec les ingénieurs qui eux, s’appuyaient sur leurs calculs pour arriver quasiment à la même réponse que moi. Ce travail provisoire est resté, car personne ne s’y connaissait réellement et ne voulait venir pour ce projet.

2. Un conseil pour toute l'équipe Cadcime, afin que tout fonctionne comme lorsque que tu y travaillais ?

– Pour ma part, j’aime être à cheval sur le travail, c’est-à-dire, être sur place pour effectuer un travail de qualité, sentir le travail. Le travail est un hobby, une passion. Si vous aimez votre travail, et que y venez avec joie tous les matins, vous n’allez pas travailler un seul jour de votre vie. Je ne prends pas forcément de vacances, car pour moi, le travail est équivalent à des vacances. La famille et le travail, je les ai liés ensemble. Cela me fait de la peine de voir des gens qui se traînent au travail, sans motivation. Même un très grave accident ne m’a pas arrêté. La seule chose que je n’aime pas, c’est l’eau, car j’ai failli me noyer petit. La foudre ne m’a pas eue, même si elle a essayé 3x, mais l’eau a failli. Enfin, elle n’a tout de même pas réussi ! C’est une question de volonté et de patience ; le temps guérit pas mal de choses.

3. Quelle est l'anecdote la plus drôle que tu aies vécue à Eclépens ?

– Un jour, une alarme s’était déclenchée lorsque j’étais en vacances à l’étranger. Un collègue de la salle de commande d’Holcim m’a téléphoné pour l’aider à régler ce problème. Il se trouvait devant une installation et j’ai pu le guider tellement bien qu’il m’a demandé si je l’espionnais en direct ! En réalité, je connais tellement bien l’usine que grâce à ce qu’il me disait, je m’imaginais ce qu’il voyait, et pouvais ainsi lui répondre en temps réel. Il m’a confié qu’il n’y serait pas arrivé sans moi.

4. Quelle est la tâche que tu as le plus souvent effectuée dans ton travail ?

– J’étais de piquet 24/24h, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente (y.c. lors de Lothar !), ou encore lors de coupure de courant généralisée. La fourniture de chaleur n’a jamais été interrompue ! A l’époque, il y avait moins de technologie et de contrôle à distance. Avec Yves Brügger, qui connaissait tout le réseau Cadcime extérieur par cœur, on s’occupait de la surveillance des chantiers, allions chez les clients pour changer des pompes ou un échangeur. On se débrouillait pour faire les réparations. Aujourd’hui, on mandate des autres entreprises, et on se partage le travail, on imagine mal fonctionner comme à l’époque, sachant le nombre de clients actuels. 

5. Ce qui t'a rendu le plus fier durant tes années chez Cadcime ?

– Concernant la visualisation à l’extérieur du site, à l’époque cela n’existait pas. Cependant, je me disais que puisqu’on pouvait voir sur la lune, on pourrait aussi regarder ce qui se passe à distance dans nos installations. Aussi, une entreprise valaisanne nous a remis un premier devis pour CHF 50’000.-. Après quelques semaines et alors que le projet n’avançait pas, cette dernière nous ont répondu que c’était impossible sans changer tous les équipements de nos installations. L’offre se chiffrait alors à 10x plus. Par hasard, j’ai demandé à mon fils, qui faisait des études d’informatiques à l’EPFL, s’il avait une idée de solution. Etant en examens, il m’a répondu qu’il s’en chargerait plus tard. Le soir d’après, dans sa chambre, j’ai vu apparaître sur son ordinateur l’image des écrans des installations de Cadcime! La connexion depuis la maison était rudimentaire, mais elle fonctionnait ! A l’époque, pour se connecter depuis l’étranger, il fallait un natel D et un modem. N’en ayant pas, mon fils a créé un modem virtuel sur mon PC. J’étais très fier, lorsque j’étais en vacances, de montrer que je possédais une alimentation depuis la voiture, pour charger le PC et me connecter avec le natel. Je partageais cette technologie autour de moi avec les curieux, cela alimentait ma passion. 

6. L'endroit dans l'usine le plus étroit où tu te sois faufilé ?

– Un jour, nous avions appelé une entreprise pour le nettoyage de la chaudière, car cette dernière contenait un demi-mètre cube de boue (suite à un mauvais nettoyage des conduites de la part d’une autre société). Le chauffeur nous a annoncé que le travail était terminé. Or, pour moi, on pouvait nettoyer plus efficacement. Aussi, je me suis enfilé dans la chaudière avec un aspirateur. J’ai même failli passer à côté des tubes de la chaudière, ce qui est presque impossible, mais je suis dit que je n’allais pas pousser le vice plus loin. Il ne faut pas souffrir de claustrophobie dans ces endroits. 

7. Une dernière anecdote sur Cadcime?

 – Une fois, lors de la vérification de la chaudière, le contrôleur des pressions avait validé le test, via son appareil de mesure. J’étais en désaccord avec lui, car j’avais vu qu’il y avait une minuscule perle d’eau, de la taille d’une tête d’épingle, dans le fond de la chaudière. Au départ, il ne me croyait pas, mais en s’approchant, il l’avait détectée également. La connaissant parfaitement et car j’en prenais soin en la nettoyant, j’avais tout de suite remarqué cette anomalie. En ouvrant à l’intérieur, il a fallu changer des tuyaux qui fuyaient et ont pu ainsi être réparés. J’ai grandi avec cette usine, et plus personne actuellement n’a une telle connaissance de mémoire. Cadcime a de l’ADN de Fuino en elle. C’est moi qui ai serré ses boulons, contrôlé, modifié et amélioré ses installations. A savoir que je pars toujours avec une trousse à outils qu’importe où je vais, y compris en vacances. Grâce à mon grand-père, j’ai appris à être indépendant où que je sois, et pouvoir me débrouiller pour réparer ce qui a besoin de l’être. Dans la famille, on m’appelle le « MitchGyver »…